Page:Vivien - La Dame a la louve.djvu/76

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— Tout cela est peut-être vrai, en somme, » acquiesça la mégère, très romanesquement saoûle.

« Cela est vrai comme la Vérité nue, » insistai-je. « Venez, Onesta mia. »

Les ombres du soir s’approfondissaient. Une douceur musicale faisait vibrer l’air ainsi que les cordes tendues d’une cithare.

Soudain je tressaillis. Nous entendîmes des pas retentissants qui approchaient. Mon ignoble compagne était sur le point de défaillir. Je lui saisis violemment le bras, et, brutal autant qu’un charretier qui assomme sa bête, je lui ordonnai de me suivre. Elle obéit, plus passive que le bétail.

C’était un geôlier, dont nous distinguions mal la massive carrure dans le corridor enfumé de crépuscule. J’eus un frisson de fièvre chaude lorsqu’il nous interpella :

« Vous allez respirer l’air du soir sur le canal ? »