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DAMOPHYLA DE PAMPHYLIE



L’ombre bleuit les monts sacrés
D’où Phoibé, lente, émerge.
Ses rayons coulent sur les prés
Comme l’eau sur la berge.
Pareil aux Pommes d’Or, le fruit
Du clair verger frissonne et luit ;
Damophyla parle à la nuit :
« Je serai toujours vierge.

« Psappha me brûle de ses yeux.
Je toucherai, comme elle,
De mes bras étendus, les cieux
Que l’or des nuits constelle.
Je verrai l’avant des vaisseaux
Sillonner la pourpre des eaux,
Et les Muses aux beaux travaux
Me rendront Immortelle. »

Elle dit, le front détourné,
Car l’être solitaire
Garde en son cœur prédestiné
Le songe et le mystère ;