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LES KITHARÈDES

rin et de fenouil et jusqu’au sourire lointain de la femme qui jette un beau regard à travers les fenêtres.

La Sicyonienne était avidement éprise de la vie dans toute sa force et dans toute sa clarté. La Nature lui apparut désirable et familière comme une Amante. Elle fit mieux que de la comprendre, elle la sentit jusque dans les fibres intimes de son être de femme. Elle l’aima plus attentivement qu’un philosophe et plus simplement qu’une paysanne.

Un sanglot unique traverse cette joie tumultueuse, cette fièvre d’amour et d’harmonie. C’est la terreur devant le Silence aux ombres impénétrables. C’est l’effroi et le recul devant le Mystère futur.

Les quelques lignes qui nous restent de sa lamentation sur Adonis, expriment avec une intensité inoubliable le regret des paysages et des jardins.

Si véritablement les Morts à qui l’existence fut douce et désirable reviennent sur la terre où persiste leur souvenir, l’ombre de Praxilla erre encore à travers les treilles sikyoniennes. Elle pleure inconsolablement d’avoir abandonné « la lumière très belle du soleil, ensuite les astres brillants et le visage de la lune, et aussi les concombres de la saison et les pommes et les poires. »