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LES KITHARÈDES

les maisons et celles qui se trouvaient dans les temples et en arma toutes les femmes d’un âge propre au combat. Elle les disposa ensuite à l’endroit où elle attendait l’assaut de l’ennemi.

« Lorsque les Lacédémoniens apparurent, les femmes ne furent point effrayées même par leur cri de bataille, mais elles soutinrent l’attaque et combattirent courageusement. Alors les ennemis réfléchirent que, s’ils détruisaient les femmes, leur victoire serait déshonorante, et que, s’ils étaient vaincus par elles, ils seraient couverts de honte, pour avoir reculé devant des femmes.

« Longtemps auparavant, ce combat avait été prédit par la Pythie, à ce que rapporte Hérodote, soit dans un autre sens, soit comme je l’ai compris :

« Mais quand la femme courageuse, ayant vaincu le mâle, enlèvera tout honneur d’Arès à la jeunesse d’Argos, alors beaucoup d’Argiennes se déchireront les joues[1]. »

Plutarque célèbre ainsi la victoire de Télésilla :

« Parmi les actions illustres accomplies en commun par des femmes, nulle ne l’est plus que le combat livré autour d’Argos contre Cléomènes, où les Argiennes luttèrent sous l’impulsion de Télésilla, la poétesse… Comme Cléomènes, roi de Sparte, ayant massacré beaucoup d’Ar-

  1. Le dernier vers fait sans doute allusion à la coutume du port de la barbe infligé aux femmes, suivant ce que rapporte Plutarque.