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Page:Vivien - Poèmes, 1909.djvu/132

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FLAMBEAUX ÉTEINTS


Mêlez vos cheveux et joignez vos bras
Tandis qu’à vos pieds le bélier s’ébroue,
Nymphes des halliers ! Ne m’approchez pas !
Allez rire ailleurs pendant que je joue !

Car j’ai la pudeur de mon art sacré,
Et pour honorer la Muse hautaine,
Je chercherai l’ombre et je cacherai
Mes pipeaux vibrants dans le creux d’un chêne.

Je jouerai, parmi l’ombre et les parfums,
Tout le long du jour, en attendant l’heure
Des chœurs turbulents et des jeux communs
Et des seins offerts que la brise effleure.

… Mais je tais mon chant pieux et loyal
Lorsque le festin s’exalte et flamboie.
Seul le vent du soir apprendra mon mal,
Et les arbres seuls connaîtront ma joie.