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Page:Vivien - Poèmes, 1909.djvu/135

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LES ÊTRES DE LA NUIT


Les êtres de la nuit sont lents, passifs et doux,
Leur âme est comme un fleuve obscur et sans remous,
Leurs gestes sont furtifs et leurs rires sont doux.

Mais les êtres du jour ont des prunelles claires,
De ce bleu que volent seuls les aigles dans leurs aires.
Le jour fait resplendir ces prunelles trop claires.

Ce sont les yeux aigus des héros et des rois
Du Nord qu’on entend rire au fond des palais froids,
Et des reines dont l’âme a dominé les rois.

Les êtres de la nuit sont craintifs, — mais dans l’ombre
Un phosphore inconnu luit en leur regard sombre :
Les êtres de la nuit ne vivent que par l’ombre.

Les êtres de la nuit sont faibles et charmants :
Ils trompent, et ce sont les fugitifs amants,
Les amantes aux cœurs perfides et charmants.