Page:Vivien - Poèmes, 1909.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
CENDRES ET POUSSIÈRES


Les yeux à demi clos, l’Automne se réveille
Et voit l’éclat perdu des clartés et des fleurs
Dont le soir appauvrit les anciennes couleurs…
Les yeux à demi clos, l’Automne se réveille :
Ses membres sont meurtris et son âme est pareille
À la coupe sans joie où s’effeuillent les fleurs.

Ayant bu l’amertume et la haine de vivre
Dans le flot triomphal des vignes de l’été,
Elle a connu le goût de la satiété.
L’amertume latente et la haine de vivre
Corrompent le festin dont le monde s’enivre,
Étendu sur le lit nuptial de l’été.

L’Automne, ouvrant ses mains d’appel et de faiblesse,
Se meurt du souvenir accablant de l’amour
Et n’ose en espérer l’impossible retour.
Sa chair de volupté, de langueur, de faiblesse,
Implore le venin de la bouche qui blesse
Et qui sait recueillir les sanglots de l’amour.