J’invoque la Déesse en mon âme troublée,
Celle qui triomphe à l’approche de la nuit,
Celle qui sait tisser les trames de la ruse !
Qu’elle amène vers moi la belle qui me fuit,
Que je veux attirer, qui raille et qui refuse
Mes présents… Qu’elle vienne encore maintenant,
Vers mon constant amour ! Que je sois délivrée
De mes cruels soucis !
Cœur et corps, celle qui me traite injustement,
Celle qui me trahit et me dompte, qui brise
Mon âme même par la détresse et méprise
Ma beauté pour un être inférieur et vil !
Reçois, fille de Zeus, Déesse au cœur subtil,
Répandu sur ton cher autel, ce lait de chèvres,
Et ce miel, et ce vin qui ressemble au nectar.
Si jamais ton doux nom a fleuri sur nos lèvres,
Viens parmi nous, ayant attelé ton beau char !
(On entend au dehors une lamentation orientale, terrible et prolongée.)
C’est la voix de Psappha, qui pleure et lamente…
(Se tournant vers l’autel :)
Déesse, souviens-toi de Psappha !