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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/113

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UNE FEMME M’APPARUT…

… Ione, debout au pied de mon lit, contemplait ses mains, dans cette attitude étrange qui lui était familière. Sans me regarder, elle recula jusqu’à un angle où elle n’était plus qu’une blancheur de brouillard et de songe.

D’un pénible effort, je tentai de me lever et d’aller vers elle… Mais mon pied glissa, et je tombai dans un flot de lave ardente qui ruisselait en bouillonnant au pied de mon lit. Je voulus hurler ma détresse, mais le fleuve fumant me charriait, fétu de paille égaré dans ses ondes de feu. De chaque côté du torrent embrasé, de vieilles femmes accroupies faisaient cuire des œufs et du riz sur la flamme liquide. Et la lune était de cuivre, tel un soleil d’hiver. Des cendres tombaient en une grêle drue.

Une soif abominable me desséchait le palais et la gorge.

… Mes yeux s’ouvrirent sur un temple au souffle de fournaise… Un trône de rubis empourprait l’ombre ainsi qu’un astre couchant. Du haut de ce trône, Kâli me contemplait avec une férocité religieuse. Elle laissa choir la tête