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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/153

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UNE FEMME M’APPARUT…

« Je ne sais pourquoi ce douloureux métier de femme de lettres me pèse aujourd’hui plus que de coutume. Les prostituées qui, malgré les laideurs de leur existence, n’ont point oublié tout élan vers le Meilleur, doivent souffrir de pareilles nausées. Leurs répugnances ne sont point plus rebutées que les miennes. Vous avez raison, ma conscience obscure, j’ai vendu mon âme. Mais le châtiment de mon ignorance est dans ces soi-disant admirations qui s’adressent à la femme plus qu’à l’artiste. Je n’aspire plus qu’à l’honneur d’être lapidée. Oh ! rencontrer une compréhension fraternelle, sans étonnements, sans éloges, une compréhension muette et féminine qui consolerait de toutes les paroles lues et entendues !

— Combien je vous approuve ! » soupira Vally. Et, virant de mon côté :

« Tu ne seras jamais pour moi l’incarnation de cette sympathie aux douceurs insoupçonnables, car tu m’aimes sans me comprendre, et tu m’admires aveuglément. De toute mon âme lasse, j’aspire vers cette amitié inconnue. De