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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/19

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UNE FEMME M’APPARUT…

de Séléné. « Tu m’aimes mal, puisque tu ne sais ni me retenir ni me comprendre.

— On aime toujours mal, Vally. Aimer bien, ce n’est plus aimer d’amour. »

Elle me considérait avec un doux mépris.

« Ne peux-tu te hausser jusqu’à ce magnifique désintéressement ? L’amour n’est que l’immolation perpétuelle de soi-même devant une image adorée. Lorsque je rencontre en passant une apparition de grâce et de charme qui me ravit, tu devrais te réjouir de la félicité que m’accorde une illusion brève.

— Je ne sais si je pourrai m’élever jusqu’à cette grandeur de renoncement, Vally. Car le chemin qui mène aux sommets de pure tendresse est plus douloureux que le chemin des crucifixions.

J’ai rêvé d’un Calvaire où fleuriraient des roses,  » citait Vally, pâlement souriante.

« Une belle pensée dans un beau vers, ma Douceur perfide. Soit. Je ne sais point, d’ailleurs, pourquoi j’aurais la sotte prétention