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UNE FEMME M’APPARUT…

« Les opales… » murmura-t-elle. « Oh ! oui, je les aime. J’aime aussi les turquoises rondes et les saphirs.

— Les Hébreux nommaient le saphir : la plus belle chose, répliquai-je. Ce sont de merveilleux artistes… Le poème épique de l’Ancien Testament n’est surpassé par aucun autre poème. Le livre de Job frémit d’un souffle tragique dont la beauté stupéfie, comme un drame de Sophocle. J’ai la plus profonde admiration pour l’art douloureux de cette race d’exilés qui a su faire de l’univers sa patrie. Mais, surtout, me hantent les silhouettes orientales de Sarah, de Rébecca, de Rachel, de Bethsabée, de Tamar. L’orgueilleux éblouissement de Sarah fut tel qu’Abraham la fit passer pour sa sœur. Car il ne voulut point risquer sa vie en s’exposant à la jalousie qu’inspirerait la possession d’une telle magnificence. Rébecca nous apparaît, mirée éternellement dans un puits légendaire. Rachel fut si harmonieusement splendide que, pour l’avoir vue fouler aux pieds les lys rouges des champs, Jacob l’attendit sept