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UNE FEMME M’APPARUT…

taient par leurs sinuosités déconcertantes. L’Art Nouveau le plus ambigu y triomphait : l’unique rappel de l’Autrefois était une reproduction du San Giovanni de Lionardo. Cette reproduction, entourée d’une atmosphère de compréhension et de respect, semblait le portrait, ou plutôt l’âme même, de la poétesse saphique.

Un serpent desséché s’enroulait autour d’un vase où se fanaient des iris noirs.

Avec une curiosité amicale, Vally considéra ces écailles ternies où les vivantes lueurs et les chatoiements de gemmes brisées s’étaient à jamais éteints.

« Ne considérez point trop longtemps les Serpents Morts, » prononça la voix de San Giovanni. Son pas silencieux s’était feutré sur le profond tapis sans rompre le fil de notre rêve. « Car les Serpents Morts revivent sous le regard de celles qui les aiment. Les yeux magiques des Lilith les raniment, ainsi que les clairs de lune raniment les eaux stagnantes.

— Je me souviens, » glissa ma Prêtresse