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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/58

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UNE FEMME M’APPARUT…

d’impossible et d’au-delà. Je répandais en inventions mal cousues tout le songe que j’accumulais depuis déjà des années.

« Il m’agréait de tourmenter mes camarades plus jeunes, en leur contant de terrifiantes histoires de spectres. Leurs effrois me ravissaient d’une ivresse ingénue. Mais je m’épouvantais encore davantage moi-même de mes imaginations démoniaques.

« Aucun rêve pervers ne traversa mon isolement replié. Vers l’âge de treize ans, je me pris d’une passion très pure pour une compagne dont j’aimais les beaux sourcils mélancoliques.

— Moi, » interjeta Vally, « j’avais huit ans à peine, que je me divertissais à affoler les petits garçons par le baiser inquiet et presque savant de mes lèvres enfantines. Je ne les aimais point, mais je m’enorgueillissais de leur trouble précoce. »

San Giovanni tourna de nouveau ses prunelles vers les jours disparus.

« Je composai mes premiers vers pour cette