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Page:Vivien - Une femme m’apparut, 1904.djvu/99

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UNE FEMME M’APPARUT…

Elle entrerait, en me souriant. Quelles paroles de voluptueuse colère trouverais-je pour exprimer la haine de mon amour ? Comment l’accueillerais-je, lorsqu’elle paraîtrait ?

… Le Prostitué était au-dessous de mon mépris. Il cherchait un établissement : c’était sa raison d’être et sa fonction sociale. Mais elle, mais Vally, ma vierge amoureuse et ma Prêtresse ?

Je pleurais sur sa déchéance morale plus encore que sur moi-même. Qu’importait mon misérable supplice de toujours, devant cette dégradation du vivant symbole de mon culte ?

Elle s’était fiancée, elle s’était promise toute à cet individu de sentiments inavouables, à ce personnage au-dessous de toute insulte.

Comment l’accueillerais-je lorsqu’elle paraîtrait ?

… Je ne lui dirais rien. J’irais vers elle, et je contemplerais au fond de ses yeux sa cruelle âme blonde. Elle s’épouvanterait de mon silence et de mon calme. Puis, froidement, résolument, je l’étranglerais…

Je l’étranglerais. Ce serait laid, brutal, sau-