Page:Vivien - heure mains jointes 1906.djvu/133

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Sous la protection du croissant argentin,
Tu dormiras jusqu’à l’approche du matin.

Les plages traceront au loin la grise marge
De leurs sables… Tes yeux s’ouvriront sur le large.

Tu m’interrogeras, non sans un peu d’effroi.
Des chants mystérieux parviendront jusqu’à toi…

Tu me diras, avec des rougeurs ingénues :
« Rien n’est aussi troublant que ces voix inconnues.

Leur souffle harmonieux évente mon front las :
Mais l’aube est sombre encore et je ne comprends pas.

« Notre mauvais destin saura-t-il nous rejoindre
Au fond de ce matin craintif que je vois poindre ? »

Je te dirai, fermant tes lèvres d’un baiser :
« Le bonheur est là-bas… Car il faut tout oser…

« Là-bas, nous entendrons la suprême musique…
Et, vois, nous abordons à l’île chimérique… »