Page:Vivien - heure mains jointes 1906.djvu/17

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« Ceux-là qui s’indignaient de voir mon front serein
Espéraient me courber sous leur pesant dédain.

« Mais, comme je naquis douloureusement fière,
J’ai méprisé ceux-là qui me jetaient la pierre.

« Et je n’écoutai plus que la voix que j’aimais,
Ayant compris que nul ne comprendrait jamais…

« Déjà la nuit approche, et mon nom périssable
S’efface, tel un mot qu’on écrit sur le sable.

« Le couchant a jailli comme un vin du pressoir…
Nul ne murmurera mes strophes, vers le soir.

« Et maintenant, Seigneur, juge-moi. Car nous sommes
Face à face, devant le silence des hommes.

« Autant que doux, l’amour me fut jadis amer,
Et je n’ai mérité ni le ciel ni l’enfer.

« J’écouterais très mal les cantiques des anges,
Pour avoir entendu jadis des chants étranges,