Page:Vivien - heure mains jointes 1906.djvu/42

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Un matin, j’ai suivi des hommes et des femmes
Qui marchaient vers la ville aux toits bleus… J’ai quitté
Pour les suivre les bois pleins d’ombres et de flammes
Et j’ai porté ma harpe à travers la cité.

Puis, j’ai chanté debout sur la place publique
D’où montait une odeur de poisson desséché,
Et, dans l’enivrement de ma propre musique,
Je ne percevais point la rumeur du marché.

Car je me souvenais que les arbres très sages
M’avaient parlé, parmi le silence des bois…
À mon entour sifflaient les âpres marchandages
Mêlés aux quolibets des compères sournois.

Dans la foule criant son aigre convoitise,
Une femme me vit et me tendit la main,
Et je crus un moment qu’elle m’avait comprise,
Mais la femme aux bras nus poursuivit son chemin.