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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/122

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riale et ne manquait jamais de citer le pouvoir temporel comme la vraie source de son autorité. Dans tous les actes de sa première époque, il rappelle sans cesse qu’ « il est ordonné » (povéliéno) par le souverain à tout le monde « aux personnes de tout rang, ecclésiastiques et laïques, de considérer le Synode comme un gouvernement important et puissant » et qu’on ne doit pas diminuer « la dignité qui lui est donnée par Sa Majesté tsarienne ». On conçoit facilement que l’élément temporel où le Synode croyait puiser sa force, a dû nécessairement prévaloir sur tous les autres éléments et asservir complètement cette institution hybride qui, tout en s’affirmant comme un organe du pouvoir séculier, prétendait néanmoins à l’autorité d’un concile[1]. La dignité accordée par Sa Majesté tsarienne ne pouvait être diminuée par personne — excepté Sa Majesté. Et c’est ainsi que le procureur supérieur Jakovlev a obtenu un ordre impérial qui défendait sévèrement au Synode d’entretenir une correspondance immédiate avec qui que ce fût : toutes les communications ( « tout papier » selon l’expression russe) concernant les affaires de l’Église devaient être transmises au procureur.

« Ainsi notre Église, du côté de son gouvernement, apparaît comme une espèce de bureau ou de

  1. Aksakov, ibid, p. 122.