Aller au contenu

Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aujourd’hui « la mère de toutes les Églises » est réduite à une coterie au service du phylétisme phanariote et poursuivant une politique exclusivement nationale. Pour faire de Jérusalem le centre hiérarchique de l’Église Universelle il faudrait déposséder la confrérie panhelléniste et créer ex nihilo un nouvel ordre de choses. Mais si même une telle création était d’une manière générale possible, il est évident qu’elle ne pourrait être réalisée que par la Russie au prix d’une rupture définitive avec les Grecs. Mais alors à quoi se réduirait-elle cette Église Universelle pour laquelle la Russie doit forger de toutes pièces un pouvoir central et indépendant ? Il n’y aurait même plus d’Église gréco-russe ; et le nouveau patriarche de Jérusalem ne serait au fond que le patriarche de toutes les Russies. Ce ne seront pas certes les Bulgares et les Serbes qui soutiendront l’indépendance ecclésiastique, et nous voilà donc de nouveau revenus à une Église nationale, dont le chef hiérarchique ne peut être qu’un sujet et un serviteur de l’État.

L’impossibilité manifeste de trouver ou de créer en Orient un centre d’unité pour l’Église Universelle nous impose le devoir de le chercher ailleurs. Avant tout il faut nous reconnaître pour ce que nous sommes en réalité — une partie organique du grand corps chrétien — et affirmer notre solidarité intime avec nos frères de l’Occident qui possèdent l’organe