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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/204

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Mais la différence entre un songe creux et l’idéal divin de l’unité, c’est que celui-ci a un point d’appui réel (le δως μοι που στω de la mécanique sociale) pour gagner peu à peu du terrain ici-bas et pour triompher graduellement et successivement de toutes les puissances de la discorde. Un principe d’unité réel et indivisible est absolument nécessaire pour résister aux tendances profondes et vivaces de division dans le monde et dans l’Église elle-même. En attendant que l’unité religieuse — l’unité de la grâce et de la vérité — devienne dans chaque croyant l’essence même de sa vie et le lien parfait et indissoluble qui le rattache à tout le prochain, il faut que le principe de cette unité universelle existe objectivement et agisse sur tout le monde sous les « espèces » d’un pouvoir social visible et déterminé.

L’Église une et universelle est parfaite par la concorde et l’unanimité de tous ses membres, mais pour qu’elle puisse être au milieu de la discorde actuelle, il lui faut un pouvoir d’unification et de conciliation, pouvoir inaccessible à cette discorde et réagissant continuellement contre elle, s’affirmant au-dessus de toutes les divisions, groupant autour de lui tous les hommes de bonne volonté, dénonçant et condamnant tout ce qui est contraire au Royaume de Dieu sur la terre. Quand on veut ce Royaume, il faut bien vouloir la seule voie qui y mène l’humanité collective. Entre l’actualité odieuse