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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/211

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nations qu’il avait envahies. Comme gouvernement, il adopta sans aucun changement essentiel l’absolutisme des despotes nationaux qu’il trouva dans l’Orient ; et, tout en imposant au monde conquis l’unité de sa culture, il ne put l’empêcher de se diviser en deux grands États nationaux à moitié grécisés, le royaume helléno-égyptien des Ptolémée et — le royaume hellénosyrien des Séleucides. Tantôt en guerre acharnée, tantôt en alliance instable au moyen de mariages dynastiques, ces deux royaumes étaient bien représentés par les deux pieds du colosse où le fer du despotisme primitif se mêlait à l’argile ramollie d’une culture en décadence. Ainsi le monde païen partagé entre deux puissances rivales avec deux centres politiques et intellectuels — Alexandrie et Antioche — ne possédait pas une base historique suffisante pour l’unité chrétienne. Mais il y avait une pierre — Capitoli immobile saxum — une petite ville d’Italie dont l’origine était enveloppée de fables mystérieuses et de miracles significatifs, et dont le vrai nom même était inconnu. Cette pierre lancée par la Providence du Dieu de l’histoire vint frapper les pieds d’argile du monde gréco-barbare de l’Orient, renversa et mit en poussière le colosse impuissant et devint une grande montagne. Le monde païen reçut un centre réel d’unité. Une monarchie embrassant l’Orient et l’Occident, vraiment internationale et universelle, fut fondée. Elle était non