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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/231

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de désordre et de servitude comme l’état normal de l’Église ; ou bien reconnaître les droits et la valeur réelle du seul et unique pouvoir existant qui se soit toujours manifesté comme centre d’unité ecclésiastique. Aucun raisonnement ne saurait supprimer l’évidence de ce fait : qu’il n’y a en dehors de Rome que des Églises nationales (comme l’Église arménienne, l’Église grecque), des Églises d’État (comme l’Église russe, l’Église anglicane), ou bien des sectes fondées par des particuliers (comme les luthériens, les calvinistes, les irvingiens, etc.). Seule l’Église catholique romaine n’est ni une Église nationale, ni une Église d’État, ni une secte fondée par un homme. C’est la seule Église au monde qui conserve et affirme le principe de l’unité sociale universelle contre l’égoïsme des individus et le particularisme des nations ; c’est la seule qui conserve et affirme la liberté du pouvoir spirituel contre l’absolutisme de l’État ; c’est la seule en un mot contre laquelle les portes de l’Enfer n’ont pas prévalu.

« C’est par leurs fruits que vous les connaîtrez. » Dans le domaine de la société religieuse, le fruit du catholicisme (pour ceux qui sont restés catholiques) est l’unité et la liberté de l’Église ; le fruit du protestantisme oriental et occidental pour ceux qui y ont adhéré, — c’est la division et la servitude : la division surtout pour les Occidentaux, la servitude surtout pour les Orientaux. On peut penser et dire