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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/272

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révolter ouvertement contre le pape. Celui-ci, instruit par ses légats de ce qui s’était passé à Éphèse, rassembla aussitôt un concile des évêques latins, à Rome, et avec leur approbation unanime condamna et déposa Dioscore. Le « pharaon » qui était revenu en triomphe à Alexandrie voulut donner le change au pape : il dut s’apercevoir bientôt qu’il ne se heurtait pas à de vaines prétentions, mais à un pouvoir spirituel vivant qui s’imposait partout aux consciences chrétiennes. L’orgueil et l’audace de l’usurpateur ecclésiastique se brisèrent contre la vraie pierre de l’Église : avec tous les moyens de violence qui lui étaient habituels il ne parvint à forcer que dix évêques égyptiens à lui prêter leurs noms pour condamner le pape Léon[1]. En Orient même, tout le monde regarda cette insulte impuissante comme un acte de démence qui acheva de perdre le « pharaon » égyptien.

Le défenseur des deux hérésies opposées, le protecteur de Nestorius et de Dioscore, l’empereur Théodose II, venait de mourir. Avec l’avènement de Pulchérie et de son époux nominal Marcien, s’ouvrit une phase très courte, pendant laquelle le gouvernement impérial, par conviction religieuse à ce qu’il paraît, se mit décidément au service de la bonne cause. Cela suffit en Orient pour rendre tout leur courage aux évêques orthodoxes et pour

  1. Conciliorum collectio (Mansi), VI, 510.