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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/291

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paternité et de la filiation. Pour trouver la véritable application de cette idée il faut s’élever jusqu’à l’Être absolu. Là nous avons vu le rapport de la paternité et de la filiation dans sa pureté, car le Père est la seule et unique cause du Fils ; là nous avons vu ce rapport dans sa totalité, parce que le Père donne toute l’existence au Fils et le Fils n’a en lui rien que ce qu’il reçoit du Père. Il y a entre eux une distinction absolue quant à l’acte de l’existence, et une unité absolue dans tout le reste. Étant deux, ils peuvent s’unir par un rapport actuel et produire en commun une nouvelle manifestation de la substance absolue ; mais puisque cette substance leur appartient en commun et sans partage, le produit de leur action réciproque ne peut être que l’affirmation explicite de leur unité sortant victorieusement de leur différence actuelle. Et comme cette unité synthétique du Père et du Fils, manifestés comme tels, ne peut être représentée ni par le Père comme tel ni par le Fils comme tel, elle doit nécessairement être fixée dans une troisième hypostase, à laquelle le nom d’Esprit convient parfaitement sous deux rapports. Premièrement, c’est dans cette troisième hypostase que l’être divin, par son dédoublement intérieur (dans l’acte de la génération), arrive à la manifestation de son unité absolue, revient à soi, s’affirme comme vraiment infini, se possède et jouit de soi-même dans la plénitude de sa conscience. Or c’est là le caractère spécifique de