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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/305

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éternellement supprimée par Sa puissance, condamnée par Sa vérité, absorbée par Sa grâce. Mais Dieu aime le chaos dans son néant et Il veut qu’il existe, car Il saura ramener à l’unité l’existence rebelle, Il saura remplir de sa vie abondante le vide infini. Dieu donne donc la liberté au chaos, Il s’abstient de réagir contre lui par sa toute-puissance dans le premier acte de l’Être divin, dans l’élément du Père, et fait sortir par là le monde de son néant.

Si l’on ne veut pas renier l’idée même de la Divinité, on ne saurait admettre en dehors de Dieu une existence en soi, réelle et positive. L’extra-divin ne peut donc être autre chose que le divin transposé ou renversé. Et c’est ce que nous voyons avant tout dans les formes spécifiques de l’existence finie qui séparent notre monde de Dieu. Ce monde en effet est constitué en dehors de Dieu par les formes de l’étendue, du temps et de la causalité mécanique. Mais ces trois conditions ne sont rien de réel et de positif, elles ne sont qu’une négation et une transposition de l’existence divine dans ses catégories principales.

Nous avons distingué en Dieu 1° son objectivité absolue représentée par sa substance ou essence qui est le tout dans une unité indivisible ; 2° Sa subjectivité absolue ou son existence intérieure représentée dans sa totalité par trois hypostases indissolubles se conditionnant et se complétant