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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/31

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tatives de conciliation se produisissent. Au lieu de sacrifier sa réalité païenne, l’Empire byzantin essaya, pour se justifier, d’altérer la pureté de l’idée chrétienne. Ce compromis entre la vérité et l’erreur est l’essence propre de toutes les hérésies qui — quelquefois inventées et toujours, sauf quelques exceptions individuelles, favorisées par le pouvoir impérial — affligèrent la chrétienté depuis le IVe jusqu’au IXe siècle.

La vérité fondamentale, l’idée spécifique du christianisme c’est l’union parfaite du divin et de l’humain, accomplie individuellement dans le Christ et s’accomplissant socialement dans l’humanité chrétienne où le divin est représenté par l’Église (concentrée dans le pontificat suprême) et l’humain par l’État. Ce rapport intime de l’État avec l’Église suppose la primauté de celle-ci, puisque le divin est antérieur et supérieur à l’humain. L’hérésie attaquait précisément l’unité parfaite du divin et de l’humain dans Jésus-Christ pour saper par la base le lien organique de l’Église avec l’État et pour attribuer à ce dernier une indépendance absolue. On voit maintenant pourquoi les empereurs de la seconde Rome, qui tenaient à conserver dans la chrétienté l’absolutisme de l’État païen, étaient si favorables à toutes les hérésies qui n’étaient que des variations multipliées d’un thème unique :