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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/310

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chique, mais elle peut aussi s’anéantir devant Dieu, s’attacher librement au Verbe divin, ramener toute la création à l’unité parfaite et s’identifier avec la Sagesse éternelle. Mais pour y parvenir l’âme du monde doit d’abord exister réellement comme distincte de Dieu. Le Père éternel la créa donc en retenant l’acte de sa toute-puissance qui supprimait de toute éternité le désir aveugle de l’existence anarchique. Ce désir, devenu acte, manifesta à l’âme la possibilité du désir opposé ; et ainsi l’âme elle-même reçut comme telle une existence indépendante, chaotique dans son actualité immédiate, mais capable de changer dans son contraire. Après avoir conçu le chaos, après lui avoir donné une réalité relative (pour elle) l’âme conçoit le désir de se délivrer de cette existence discordante qui s’agite sans but et sans raison dans un abîme ténébreux. Tirée dans tous les sens par des forces aveugles qui se disputent l’existence exclusive ; déchirée, fractionnée et pulvérisée en une multitude innombrable d’atomes, l’âme du monde éprouve le désir vague mais profond de l’unité. Par ce désir elle attire l’action du Verbe (le divin actif ou dans sa manifestation) qui se révèle à elle au commencement, dans l’idée générale et indéterminée de l’univers, du monde un et indivisible. Cette unité idéale se réalisant sur le fond de l’étendue chaotique prend la forme de l’espace indéfini ou de l’immensité. Le tout reproduit, représenté ou