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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/323

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dans son unité la totalité de la créature et de la rattacher à Dieu par un lien libre et vivant, en incarnant dans une forme créée l’éternelle Sagesse divine.

Le processus cosmique est l’unification successive du monde inférieur ou terrestre, créé à l’origine dans l’état chaotique et discordant — tohou va bohou. Dans ce processus, comme le révèle le récit sacré de la Genèse, nous voyons deux principes ou deux facteurs productifs — l’un absolument actif — Dieu par son Verbe et son Esprit, — et l’autre en partie coopérant par sa propre force à l’ordre et au plan divin et les réalisant — et en partie ne présentant qu’un élément purement passif et matériel. Il est dit en effet quand il s’agit de produire les plantes et les animaux : vaïomer Elohim : tad’shé haarets deshe heseb maz’riah zerah, etc. — et dixit Deus : germinet terra herbam viventem et facientem semen, etc. ; et ensuite : attotsé haarets deshe heseb maz’riah zerah leminehou, etc — et produxit terra herbam viventem et facientem semen juxta genus suum. Et plus loin : vaïomer Elohim : totsé haarets nephesh chaïah leminah, etc — Dixit quoque Deus : producat terra animam viventem in genere suo. — Il est donc évident que Dieu ne crée pas immédiatement les différentes manifestations de la vie physique, mais qu’Il ne fait que déterminer, diriger et ordonner la force productive de cet agent appelé terre, c’est-à-dire la nature terrestre, la matière première, l’âme du monde inférieur.