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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/326

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créations manquées, des naissances monstrueuses et des avortements. Tous ces monstres antédiluviens, ces paléozoa, — les mégathériums, les plésiosaures, les ichtyosaures, les ptérodactyles, etc., peuvent-ils appartenir à la création parfaite et immédiate de Dieu ? Si chaque espèce de ces créatures monstrueuses était tob méod (valde bona) pourquoi ont-elles disparu définitivement de notre terre en faisant place à des formes plus réussies, plus harmoniques et mieux équilibrées ?

La création est un processus graduel et laborieux ; c’est là une vérité biblique et philosophique ainsi qu’un fait de la science naturelle. Le processus, en supposant l’imperfection, suppose par là même un progrès déterminé, qui consiste dans une unification de plus en plus profonde et complète des éléments matériels et des forces anarchiques, dans la transformation du chaos en cosmos, en un corps vivant capable de servir à l’incarnation de la Sagesse divine. Sans entrer dans des détails cosmogoniques, je signalerai seulement les trois principaux degrés concrets de ce processus unifiant. Nous avons indiqué déjà le premier de ces degrés déterminé par la gravitation universelle, qui fait du monde inférieur une masse relativement compacte, et crée le corps matériel de l’univers. C’est là l’unité mécanique du tout. Les parties de l’univers, tout en restant extérieures l’une à l’autre, sont cependant retenues ensemble par une chaîne indis-