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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/36

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divine dont la perpétuité dans l’ordre social et politique était représentée par Rome. Et l’histoire nous montre en effet que toutes les hérésies activement soutenues ou passivement acceptées par la majorité du clergé grec rencontraient un obstacle infranchissable dans l’église romaine et venaient se briser contre ce roc évangélique. C’était surtout le cas pour l’hérésie iconoclaste qui, en reniant toute forme extérieure du divin dans le monde, s’attaquait directement à la chaire de Pierre dans sa raison d’être comme centre objectif et réel de l’église visible.

Un combat décisif devait être livré par l’empire pseudo-chrétien de Byzance à la papauté orthodoxe, qui était non seulement la gardienne infaillible de la vérité chrétienne, mais encore la première réalisation de cette vérité dans la vie collective du genre humain. En lisant les lettres émouvantes du pape Grégoire II à l’Isaurien barbare, on sent qu’il y allait de l’existence même du Christianisme. L’issue de la lutte ne pouvait être douteuse. La dernière des hérésies impériales finit comme les précédentes, et avec elle le cercle des compromis théoriques ou dogmatiques entre la vérité chrétienne et le principe païen, tentés par les successeurs de Constantin, fut clos définitivement. L’ère des hérésies impériales fut suivie par l’évolution du byzantinisme « orthodoxe ». Pour bien comprendre cette nouvelle phase de l’esprit antichrétien il