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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/391

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sont ce qu’ils doivent être, plus ils sont égaux entre eux et libres tous deux. Quand l’État, tout en se limitant au pouvoir séculier, demande et reçoit sa sanction morale de l’Église, et quand celle-ci, en s’affirmant comme autorité spirituelle suprême, confie son action extérieure à l’État, il y a un lien intime entre les deux, une dépendance mutuelle, et cependant toute collision et toute oppression sont également exclues. Quand l’Église garde et explique la loi de Dieu, et quand l’État s’applique à exécuter cette loi en transformant l’ordre social selon l’idée chrétienne, en produisant les conditions pratiques et les moyens extérieurs pour réaliser la vie divino-humaine dans la totalité de l’existence terrestre — il est évident que tout antagonisme de principes et d’intérêts doit disparaître, en laissant la place à la division pacifique du travail dans une œuvre commune.

Mais si cette dépendance mutuelle de l’Église et de l’État, qui constitue leur vraie liberté, est une condition indispensable pour réaliser l’idéal chrétien sur la terre, ne paraît-il pas évident que cette condition elle-même, cet accord et cette solidarité des deux pouvoirs n’existent que dans l’idéal, en dehors du fait religieux et de l’actualité politique ?

L’Église proprement dite (représentée par le sacerdoce), ayant pour base générale la tradition sacrée, considère la vérité religieuse principale-