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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/40

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grand malheur était que les autocrates grecs se signalaient pour la plupart comme hérétiques ou même comme hérésiarques ; et ce qu’ils trouvaient encore plus insupportable, c’est que les rares moments où les empereurs prenaient l’orthodoxie sous leur protection étaient précisément les moments où l’Empire et la Papauté étaient en accord. Troubler cet accord, attacher les empereurs à l’orthodoxie tout en les détachant du catholicisme — ce fut là le but principal de la hiérarchie grecque. Dans ce but, elle était prête, malgré son orthodoxie sincère, à faire des sacrifices même en matière dogmatique.

L’hérésie formelle et logique répugnait à ces pieux personnages, mais ils n’y regardaient pas de près quand le divin Auguste voulait bien leur offrir le dogme orthodoxe un peu arrangé à sa façon. Ils aimaient mieux recevoir des mains d’un empereur grec une formule altérée ou inachevée que d’accepter la vérité pure et complète de la part d’un pape : l’hénoticon de Zénon remplaçait à leurs yeux avec avantage l’épître dogmatique de saint Léon le Grand. Dans les six ou sept épisodes successifs que présente l’histoire des hérésies orientales, la ligne de conduite que suivait le parti pseudo-orthodoxe était toujours la même. Au commencement, quand l’hérésie triomphante s’imposait avec violence, ces hommes sages ayant une aversion prononcée du martyre se soumettaient