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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/405

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positif, le devoir humain par excellence — le devoir de l’humilité, fixé par l’Église dans le sacrement de la pénitence et de la confession. Le protestantisme, pour assurer d’avance l’impénitence de ses adhérents, a rejeté ce sacrement. Mais plus coupables que les protestants hérétiques sont les faux orthodoxes qui voudraient borner le devoir de l’humilité aux individus, en abandonnant sans retour les corps sociaux, les États et les nations à la vanité, à l’orgueil, à l’égoïsme, à la haine fratricide. — Tel n’était pas le sentiment des prophètes de l’Ancien Testament, qui excitaient à la pénitence les villes, les nations et les chefs des États. Telle n’était pas non plus la pensée du prophète unique du Nouveau Testament, qui, dans ses épîtres aux anges des Églises, leur reprochait les vices et les péchés publics de leurs communautés.

Au fond de tout le mal humain, de tous les péchés et de tous les crimes individuels et sociaux il y a un vice et une infirmité radicale qui ne nous permettent pas d’être réellement fils de Dieu. C’est le principe chaotique, base primordiale de tout être créé ; réduit à l’impuissance (ou à la puissance pure) dans l’Homme, mais éveillé de nouveau par la chute d’Adam il est devenu l’élément fondamental de notre existence bornée et égoïste qui, tout en tenant à sa fraction infiniment petite de l’être véritable, veut faire de cette fraction le centre unique de l’univers. Cette affirmation égoïste qui nous