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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/409

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qui s’isole — chacun n’est qu’un organe déterminé d’un tout social solidaire, — de l’Église Universelle.

Mais la réintégration humaine ne peut pas s’arrêter à l’homme social. La loi de la mort divise l’Église Universelle elle-même en deux parties, l’une visible, sur la terre, et l’autre invisible, dans les cieux. L’empire de la mort est établi ; les cieux et la terre sont séparés par le désir de l’homme de jouir immédiatement et matériellement de la réalité terrestre, de l’existence finie ; l’homme a voulu éprouver ou goûter tout par la sensation extérieure. Il a voulu unir son esprit céleste à la poussière de la terre par une union périphérique et superficielle. Mais une telle union ne peut durer ; et elle aboutit nécessairement à la mort. Pour réunir l’humanité-esprit à l’humanité-matière et pour vaincre la mort, il faut que l’homme se rattache au tout, non point par la surface sensible, mais par le centre absolu qui est Dieu. L’homme universel est intégré par l’amour divin, qui, non seulement élève l’homme jusqu’à Dieu mais qui, en l’identifiant intérieurement avec la Divinité, lui fait embrasser en elle tout ce qui est, en l’unissant à toute la créature d’une union indissoluble et éternelle. Cet amour fait descendre la grâce divine dans la nature terrestre et triomphe non seulement, du mal moral, mais encore de ses conséquences physiques, — la maladie et la mort. L’œuvre de cet amour est la