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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/46

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avait dû faire à l’hérésie manifeste — concessions qui, en troublant la conscience religieuse des fidèles, ne satisfaisaient nullement aux prétentions des hérétiques. Ceux-ci, enhardis par l’hénoticon qu’ils avaient rejeté avec mépris, mettaient en feu toute l’Égypte et menaçaient de la séparer de l’Empire. D’un autre côté les religieux orthodoxes, exaspérés par la trahison de la hiérarchie, fomentaient des troubles en Syrie et dans l’Asie Mineure ; et à Constantinople même la foule applaudissait le moine qui accrochait au manteau du patriarche schismatique la bulle d’excommunication lancée par le pape.

Il n’était pas de bonne politique de maintenir un tel état de choses ; et par l’initiative du gouvernement impérial les successeurs d’Acacius se montrèrent de plus en plus conciliants. Enfin sous l’empereur Justin le Vieux, la paix ecclésiastique fut conclue au profit et à l’honneur de la papauté. Les évêques orientaux, pour prouver leur orthodoxie et pour être reçus dans la communion de l’Église romaine, furent obligés d’accepter et de souscrire sans réserve la formule dogmatique du pape Hormisdas, c’est-à-dire de reconnaître implicitement l’autorité doctrinale suprême du siège apostolique[1]. La soumission des

  1. Le patriarche de Constantinople, Jean, écrivait au pape : prima salus est quia in sede apostolica inviolabilis semper catholica custoditur religio. (Labbe, Concil. VIII, 451-2.)