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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/71

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moi-même ; c’est sur eux que mon Temple doit être construit pour pouvoir toujours résister aux tremblements de terre et à toute action destructive. » Frappés de ces paroles, les bons ouvriers prirent la résolution de renoncer à leur séparatisme et de s’associer tout de suite aux gardiens des fondements pour prendre part à leur œuvre conservatrice. Il se trouva cependant un ouvrier qui dit : « Reconnaissons nos torts, rendons toute la justice et tous les honneurs à nos anciens compagnons, réunissons-nous avec eux auprès du grand édifice commencé que nous avons lâchement abandonné et qu’ils ont eu le mérite inappréciable d’avoir gardé et conservé en bon état. Mais avant tout il faut être fidèle à la pensée du maître. Or le maître n’a pas posé ces fondements pour qu’on n’y touche pas, mais pour que son Temple soit bâti sur eux. Il nous faut donc nous réunir tous pour élever sur les fondements donnés l’édifice tout entier. Aurons-nous ou non assez de temps pour l’achever avant le retour du maître ? — c’est là une autre question qu’il n’a pas voulu résoudre lui-même. Mais il nous a expressément commandé de travailler pour faire avancer son œuvre et il a même ajouté que nous ferons plus que lui. » L’exhortation de cet ouvrier parut étrange à la plupart de ses compagnons. Les uns l’appelèrent utopiste, d’autres l’accusèrent d’orgueil et de présomption. Mais la voix de la