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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/84

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lui-même n’ont rien dit d’explicite à cet égard[1]. Ils ont parlé de la lumière venant de l’Orient, mais il ne paraît pas du tout que cette lumière ait déjà illuminé leur intelligence et qu’ils aient vu clair. Qu’il nous soit donc permis, tout en rendant justice aux sentiments patriotiques de ces hommes respectables, de poser nettement la question qu’ils s’efforcent d’éluder, la grande question de la conscience nationale : Quelle est la raison d’être de la Russie dans le monde ?

Pendant des siècles, l’histoire de notre pays tendait à un seul but : la formation d’une grande monarchie nationale. La réunion de l’Ukraine et d’une partie de la Russie Blanche à la Russie moscovite, sous le tsar Alexis, a été un moment décisif dans cette œuvre historique, car cette réunion terminait le débat de primauté entre la Russie du nord et celle du midi, entre Moscou et Kief, et donnait une portée réelle au titre de « tsar de toutes les Russies ». Dès lors on ne pouvait plus douter du succès de la tâche laborieuse entreprise par les archevêques et les princes de Moscou depuis le XIVe siècle. Et il est d’une logique providentielle que ce soit précisément le fils du tsar Alexis, qui, allant au delà de l’œuvre de ses devanciers, pose hardiment le problème ultérieur : Que doit faire la Russie réunie et devenue

  1. Les panslavistes politiciens voudraient que la Russie détruisît l’Empire autrichien pour former une confédération Slave. Et après ?