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Page:Vladimir Soloviev - La Russie et l Eglise Universelle, Stock, 1922.djvu/90

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et tous les saints représentés par les images et les reliques, chômer les jours de fête et jeûner selon l’ordre traditionnel, vénérer la fonction sacrée des évêques et des prêtres et participer aux saints sacrements et au service divin. Voilà la véritable orthodoxie du peuple russe et la nôtre également. Mais elle n’est pas celle de nos patriotes militants. Il est clair que la véritable orthodoxie n’a en soi rien de particulariste et ne peut en aucune façon constituer un attribut national ou local, nous séparant quand même des peuples occidentaux ; car la plus grande partie de ces peuples (la partie catholique) a absolument le même fond religieux que nous. Tout ce qui est saint et sacré pour nous l’est aussi pour eux. Pour n’indiquer qu’un seul point essentiel : non seulement le culte de la sainte Vierge, — un des traits caractéristiques du catholicisme, — est pratiqué par la Russie orthodoxe[1] en général, mais il y a même des images miraculeuses spéciales vénérées en commun par les catholiques romains et par les orthodoxes russes (par exemple la sainte Vierge de Czenstochovo en Pologne). Si la piété est vraiment le caractère distinctif de notre esprit national, le fait que les principaux emblèmes de cette piété nous sont communs avec les Occidentaux nous oblige à reconnaître notre solidarité avec eux

  1. Je n’exclus pas de cette qualification les « vieux croyants » proprement dits, dont les différends avec l’Église d’État ne se rapportent pas au véritable objet de la religion.