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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/106

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avec ses enfants ; elle voulut ramener au bercail sa petite villageoise, étant fort peu édifiée d’ailleurs par une occupation qu’elle ne comprenait guère et qui ne promettait aucun avenir à une paysanne sans un sou vaillant. Cette fois, Varvara s’insurgea tout net et refusa de suivre sa protectrice. C’était en 1872 ; le ministre de la guerre inaugurait à Pétersbourg, à titre d’essai, les fameux cours de médecine pour femmes à l’Académie chirurgico-médicale ; tous ces mots-là s’étonnent un peu de se rencontrer, mais vous n’en êtes pas à vos débuts en Russie, et vous ne vous étonnez plus de rien, j’espère. Varvara, qui n’avait pas ses vingt ans, mit dans un mouchoir quelques hardes et quelques roubles, elle prit le train pour Pétersbourg et tomba dans la capitale, plus seule que Robinson dans son île.