Aller au contenu

Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tentèrent vainement d’arrêter cette orgie sacrilège ; les paysans ne se possédaient plus ; ils dansaient en rond autour du cadavre, se tenant par la main, chantant, hurlant, accablant le défunt d’injures et de défis. Les plus furieux le tiraient par les moustaches et lui arrachaient des poignées de cheveux. Le jeune gars qui avait été chercher la vodka vida le verre d’eau bénite, le remplit de liqueur et l’introduisit de force entre les dents du mort, criant : « Bois à la santé de tes pauvres petits esclaves, fils de chienne ! » Soudain, le verre tomba de ses mains et se brisa sur le sol ; l’homme bondit en arrière, pâle de terreur.

Les yeux que le prêtre venait de fermer s’étaient rouverts. Ils promenaient sur l’assistance un regard diabolique, plein des choses vues dans l’enfer. En une seconde, le silence et l’immobilité se firent dans la foule ;