Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/211

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moi, que la métamorphose s’achevait ; un monde de choses délicates, de jouissances nerveuses et fines m’était révélé ; j’avais changé d’âme, comme de manteau, et dépouillé le vieil homme ; il me semblait devenir la… Ah ! non, pourtant ! – À parler franc, il me semblait que je devenais fou.

À ce moment critique de mon existence morale, un soir, à la nuit tombante, – le 24 octobre, – on me remit un télégramme de mon ami X… Il m’informait de son passage à Kief le lendemain matin et me suppliait de l’y venir voir un instant, pour conférer d’une affaire où je pouvais grandement l’aider. Je n’aimais rien tant désormais que ma solitude peuplée de ma passion, et je maudis cette amitié importune ; mais il n’y avait pas à reculer, j’ordonnai de mettre les chevaux à la britchka. Ivan s’approcha avec l’air goguenard qu’il affectait