Aller au contenu

Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

j’ai fini par croire à l’existence de l’âme, en constatant le vide qu’elle laisse dans les moments où elle nous fausse compagnie. Je me raisonnais sans relâche, pour chasser ma folie de mon cerveau ; l’expérience m’a démontré que cette méthode est détestable ; se raisonner sur une passion, c’est vouloir arracher un clou en frappant dessus à petits coups de marteau : le marteau enfonce le clou dans le bois et le raisonnement la passion dans le cœur.

J’abrège les péripéties d’une lutte intestine dont on a déjà deviné l’issue. Le premier bruit qui mit de la joie dans la maison fut celui des grelots de mes trotteurs, le jour qu’ils amenèrent au perron le traîneau attelé pour me conduire à Rogonostzova. La route me parut longue et les abords du lieu rébarbatifs ; de grands étangs gelés, des forêts de sapins, un vieux château