Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/245

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dans sa demeure et visite précisément la tour d’angle que vous habitez ; on entend ses légers soupirs, on la suit dans les corridors à la trace des gouttelettes d’eau, des brins de mousse et d’iris ; d’aucuns l’ont vue marcher : un grand roseau, vêtu de gaze verte, coiffé d’algues. Elle est apparue deux fois du vivant de mon grand-père, une fois du vivant de mon père : après chacune de ses visites, un objet de haut prix manque dans le château ; elle emporte toujours ce que le maître de céans possède de plus précieux. Ce fut elle, la coquine, qui emmena mon vieux cheval de bataille, le soir où il s’échappa en remontant du pâturage. Maintenant, je ne vois pas trop ce qu’elle pourrait encore me dérober…

La recommandation du comte était superflue ; élevé par ma nourrice petite-russienne dans la foi aux traditions populaires, je n’