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Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/66

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d’une loi vieille comme les patriarches, on a d’autant plus de serviteurs qu’on a moins de services à leur demander, moins de besoins à satisfaire. Dans toute vraie maison russe, ils se mettent dix pour faire très mal la besogne qu’un seul fait très bien chez vous. C’est le principe de la division du travail, appliqué à un travail absent. Ce bonhomme, qui répond au nom de Pétrouchka, est spécialement chargé de l’entretien et de l’alimentation des samovars. C’est la seule fonction que son intelligence lui permette. Encore m’apporte-t-il souvent de l’eau tiède, quand il ne disparaît pas tout à fait pour racler son violon dans quelque coin. Vingt fois j’ai voulu casser aux gages ce vieil imbécile, qui n’aurait plus qu’à crever de faim dans sa hutte, paresseux comme il est ; seulement…

— Seulement, vous êtes trop bon !