rue, enjambant à chaque pas des cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants. Les Turcs m’aperçurent, commencèrent à tirer sur moi : je leur échappai à grand miracle jusqu’au bout du village, d’où je me laissai glisser dans les broussailles du ravin. Je gagnai la montagne la nuit suivante, et je courus pendant quelques jours tout le Magne à la recherche de nos bandes dispersées, racontant le désastre dans tous les villages où l’on me donnait du pain. Des gens d’Hylissa me dirent que Kolokotroni était à Coron, je descendis à la mer ; là j’appris au contraire qu’il avait rejoint Mavromichali du côté de Patras. Saint-Georges lui-même n’eût pas tenté de traverser la Morée à ce moment : je résolus de gagner Patras par mer, et ayant trouvé à Coron une barque de Corfou qui levait l’ancre, j’obtins du patron qu’il me jetterait à terre à l’entrée du golfe.
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