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Page:Vogüé - Jean d Agrève, 1898.djvu/111

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midi.

deux jours ; et ne pas vous voir de deux jours me paraît déjà une peine au-dessus de mes forces.

« Qu’avez-vous fait de moi, Hélène ? Je me croyais bien protégé contre un retour des troubles d’autrefois ; j’avais gravi sur la montagne ces premiers sommets où les chimères ne nous suivent plus, et d’où l’on juge à leur juste mesure les pauvres illusions qui nous égaraient en bas. Soudain, vous vous êtes levée sur ma route ; vous m’avez appelé ; et ce n’était pas une de ces courtes voix humaines qui m’ont trop souvent fait redescendre, une des voix connues qui remontait derrière moi : je ne me serais pas retourné. Non, elle venait de plus haut, je ne l’avais jamais entendue, cette invocation de votre souffrance, de votre vérité, de votre sublime puissance d’amour. Qui êtes-vous donc, étrange apparition à peine entrevue, et que je ne puis confondre avec les réalités qui ont séduit mes yeux ? Êtes-vous, comme je le crois, l’immémoriale et l’éternelle, celle qu’on attend toujours et qui ne vient jamais ?

« Si c’est vous, depuis que je me connais, je vous cherchais sur ce globe ; mon inquiétude en a fait le tour, il est enveloppé du