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jean d’agrève.

surpris dans les mêmes journaux. Dégoûté, dit-il, de ce gouvernement, qui l’a remercié, disent ses collègues, il est devenu l’un des meubles indispensables du salon où ses rhumatismes ont pris retraite. Il y vient, assure-t-il, pour ne pas laisser rouiller ses facultés d’observation. On les sent très actives encore dans sa parole, où les vérités d’expérience se glissent sous le couvert du paradoxe, dans ses yeux exercés à tout saisir et à ne rien rendre des impressions curieusement guettées. Il prétend qu’un diplomate digne de ce nom doit se faire des yeux à la ressemblance des petits miroirs accrochés aux fenêtres des maisons hollandaises, ces espions qui apportent dans la chambre tous les tableaux de la rue et ne livrent à la rue aucune révélation sur l’intérieur de la chambre. — C’est la théorie. Dans la pratique, ce chevalier du Silence est le plus indiscret des hommes, quand les femmes l’en prient ; capable de sacrifier son meilleur ami à un succès de causerie devant la cheminée ; bon camarade, au demeurant, fort avisé, sérieux d’esprit et de cœur lorsque les choses en valent la peine.

Interpellé par son jeune ami, ce personnage parut remonter du fond de quelque souvenir.