de l’Océan. Je m’expliquais les singularités de Jean par sa double origine, puisque c’est aujourd’hui l’explication à la mode pour la formation mystérieuse de l’homme intérieur ; mais que le diable m’emporte si je sais, et si d’autres savent, pour celui-là comme pour beaucoup de ses pareils, où il avait pris le métal mal fondu de l’armure qu’il apportait au combat de ce monde.
L’hostilité du début entre Jean et moi fit place à une cordiale camaraderie quand je le connus mieux ; autant du moins qu’on pouvait être camarade avec lui. Puis, nous nous perdîmes de vue au sortir du collège, comme il arrive, en allant chacun par nos chemins séparés. Orphelin de bonne heure, d’Agrève était confié aux soins de son oncle maternel, l’amiral de Kermaheuc. Le brave amiral estimait que la mer avait été faite pour porter les Kermaheuc, et que tous les Kermaheuc avaient été faits pour la mer ; il dirigea impérieusement de ce côté l’éducation de son neveu. Jean se laissa pousser à l’École navale, sans résistance et sans enthousiasme ; il nous quitta, — c’était… oui, c’était en 1859, — il entra au Borda. J’appris trois ans après que l’aspirant embarquait sur l’Atalante, pour une