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aube.

bable. Qui sait pourtant ? Il y a peut-être encore des mondes à trouver.

« En attendant, je me rapproprie l’âme dans la solitude de ce délicieux Éden. Je lis : non plus, Dieu merci, les « nouveautés » rapportées de chez Achille, tout humides encore de l’imprimerie, le fatras des primeurs rances dont il fallait s’indigérer à Paris, sous peine de paraître un barbare. Non : je relis les vieux compagnons qui firent dans ma cabine quelques tours du globe ; tu sais, les grands et modestes livres d’autrefois ; ils n’ont pas, comme les nouveautés des vitrines, l’allure provocante de filles en robe jaune ; ils ont mine d’honnêtes gens, sous leur tranche rouge et leurs plats de veau fauve, sous l’humble habit qui cache tant de poésie, de réflexion, de sagesse résignée. Je remets au courant mes Quarts de nuit, bien abandonnés. T’ai-je confié la vieille habitude à laquelle je fus longtemps fidèle ? Pour ne pas somnoler sur la passerelle et vaguer dans la torpeur du cerveau, pendant les nuits de quart, j’assignais à ma pensée un thème précis, je creusais un des sujets de méditation qui tourmentent éternellement l’homme. Le matin, j’écrivais sur un cahier mes réflexions de la veillée : oh !